// Lylyputien

// Un problème de productivité


Thème musical d'écriture :
Godspeed You! Black Emperor • GREY RUBBLE – GREEN SHOOTS


// C'est un gros morceau de la vie quotidienne de chaque humain qui profite d'un certain nombre d'heures creuses au jour le jour, mais c'en est un d'autant plus gros que ce nombre d'heures augmente. Dans mon cas, je pourrais sans problème parler du fait d'avoir trop de temps libre, puisque celui-ci occupe en réalité plus de 90% des presque quatre années qui se sont écoulées depuis la fin de mon cursus scolaire.

Difficile de se plaindre de ce qui est, en l'essence, une sorte de retraite prématurée de la vie active (avant même que cette dernière n'ait vraiment commencée), mais vient alors le problème de trouver quoi faire de ce temps libre, et c'est en cette question que tout peut commencer à coincer.

À titre personnel, je pense faire partie de ceux qui ont du mal à sincèrement s'ennuyer d'une vie de loisirs simples. J'ai la chance d'avoir accès à beaucoup de choses, à quoi s'ajoute la passion sincère de beaucoup de ces mêmes choses. J'ai des centaines de jeux-vidéo, de livres, de films, de musiques, sans parler de l'offre immense d'une plateforme comme YouTube qui à elle seule a comblé près de 25.000 heures de ma vie sur près de 15 ans.

// Cela fait toutefois un moment que j'ai remarqué la léthargie que peut entraîner la consommation systématique de ce genre de divertissement. Bien que cela ne soit pas quelque chose de profondément intrinsèque à ces activités, la corrélation avec ce sentiment d'apathie semble impossible à ignorer.

Ce que je viens d'énoncer n'a cela dit rien de très révolutionnaire, c'est même en soi une observation assez simple que pourrait faire quelqu'un dont le temps libre total ne se compte qu'en une poignée de semaines par année. On pourrait par ailleurs argumenter qu'un temps accordé de léthargie (qu'on appellerait plutôt "flemme" en temps normal) est un bénéfice non négligeable permettant de récupérer de ses jours d'activité passés.

C'est toutefois précisément en cette dernière variable que mon cas échappe à la règle, puisque mon train de vie ne requiert presque aucun temps d'activité méritant véritable repos. Ainsi, une situation répétée de léthargie s'apparente plutôt à une boucle, un cercle vicieux ayant le potentiel d'inhiber indéfiniment la capacité à rechercher de nouvelles expériences, ou tout au moins à s'émanciper de sa routine.

// C'est ainsi que, dans mon cas, rentre en compte l'importance d'intégrer des loisirs créatifs comme exutoire d'un quotidien parfois trop lourd à porter malgré son apparente oisiveté. Au cours des années, nombre de projets de ce genre sont nés, et ce dans à peu près tous les domaines. Beaucoup d'entre eux sont malheureusement avortés, ou ont été mis à l'arrêt, mais cela n'enlève en rien leur qualité de déversoir créatif au moment de leur élaboration. D'autres projets sont quant à eux en meilleure voie de réussite, ce qui me fait espérer de pouvoir les partager avec une audience un jour.

Il est difficile de dire ce que je pourrais être aujourd'hui si je n'avais pas à disposition ces activités, car même à l'heure actuelle, trouver l'équilibre entre ces dernières et le banal divertissement est déjà un combat compliqué. L'injonction personnelle à la productivité peut tout autant être un poison que l'est l'apathie, mais cela n'en rend que plus complexe la valeur à accorder à chaque côté de la médaille.